Publié sur Qu'en pensez-vous?

“Jusqu’où ça va, ça?”

J’ai entendu…

“Oui mais, jusqu’où ça va, ces câlins-là?! Pis si on paye plus… on peut-tu avoir “plus” que des câlins?”

“On est-tu vraiment obligé de faire des câlins pendant une heure de temps?! Moi, j’pense pas que j’serais capable de faire des câlins de même avec un étranger!”

Tant de questions! Je suis sûre que plusieurs d’entre-vous vous êtes posée au moins une de ces questions, et c’est tout à fait normal! La câlinothérapie est toute nouvelle au Québec et non seulement, on ne connaît pas ça, mais surtout, au Québec, on a tendance à associer l’affection à la sexualité. Alors évidemment, lorsque quelqu’un nous parle de faire des câlins…

Déjà, maintenant, vous avez une idée de ce à quoi ressemble une séance de câlinothérapie et à quel point ça peut être génial (ceux et celles qui n’ont pas encore lu l’article d’introduction à la câlinothérapie, vous pouvez le lire ici: Qu’est-ce que la câlinothérapie?).
Mais avant que votre esprit aille trop loin et que vous vous mettiez à imaginer n’importe quoi, laissez-moi installer quelques limites à votre imagination!
Car en effet, une bonne séance de câlinothérapie a besoin de limites.

Pourquoi des limites? Parce qu’on se sent mieux avec des limites!

Comme vous le savez déjà, les limites sont des barrières invisibles qui ne doivent pas être dépassées. Elles servent à délimiter un espace à l’intérieur duquel tout est permis. D’un côté, les limites peuvent semblées restrictives, mais en réalité, elles contribuent à la sécurité physique et mentale de tous. Par exemple, dans notre société, il y a une limite, une loi qui dit qu’on ne peut pas faire mal aux autres. Bon, oui, c’est peut-être restrictif, mais en même temps, ça réduit nos chances que quelqu’un d’autre nous fasse du mal! Dans une société où chacun respect les lois, les gens se sentent plus en sécurité, en confiance et donc plus tranquilles. C’est la même chose pour la câlinothérapie; savoir que l’autre aussi va respecter les limites, ça nous tranquillise.

Chez Calia, il y a trois niveaux de limites à respecter, tous aussi importants uns que les autres. Le premier niveau regroupe les limites imposées par Calia, c’est le code de conduite général. Les deuxième et troisième niveaux sont imposés par les participants, ce sont les limites personnelles, respectivement appelées limites fixes et limites variables.

Maintenant que vous êtes curieux, rentrons dans le vif du sujet et commençons avec les limites de Calia:

Le code de conduite de Calia

(Une version plus officielle sera publiée sur le site internet dès que les avocats l’auront vérifiée!)

Tout d’abord, les règles générales:

.1. Être en état de consentir: donc avoir l’âge légal de consentement ET ne pas avoir pris d’alcool, drogue ou tout autres substances vous faisant faire n’importe quoi!

.2. Être honnête: divulguer tout problème de santé qui pourrait être aggravés par des câlins ET s’engager à exprimer tout inconfort éprouvé au cours de la séance!

.3. Être propre: avant d’arriver, on prend une douche, on se brosse les dents et on met des vêtements propres, confortables (parce que des câlins propres, c’est tellement plus agréable!)

.4. Être respectueux: Tout d’abord, on respect tout le monde; clients, câlineur(se)s et soi-même! Et ça inclus aussi de ne pas porter de jugement! On respect aussi la vie privée des autres (ce qui se passe chez Calia, reste chez Calia. Ce n’est pas parce qu’on y fait des choses “pas correct”, mais c’est plutôt parce qu’il y a des gens qui veulent rester dans le placard des câlins. Alors si on veut parler de notre magnifique expérience chez Calia, on fait juste s’assurer de ne pas donner de nom ou de détails pouvant identifier les autres participants.)

.5. AUCUNE SEXUALITÉ: Premièrement, on porte des vêtements longs (pantalons et t-shirt minimum, pas de shorts) et on reste habillé tout le long! On ne touche pas les zones érogènes ou sexuelles; on garde les mains par-dessus les vêtements, etc. Deuxièmement, pas d’échange de salive; on se limite à des petits becs secs sur le front et seulement si l’autre est consentent. En fait, il s’agit avant tout de l’intention derrière le geste, et ce, peu importe le geste: si donner des petits becs secs sur le front de quelqu’un d’autre vous excite sexuellement, même moindrement, alors ne le faites pas!
Le truc ultime: ne faites rien que vous ne seriez pas à l’aise de faire devant un enfant de 8 ans, votre grand-mère, votre curé ou tous les trois en même temps!

Ensuite, LA règle liée à la câlinothérapie:

Respecter le consentement et les limites de soi et des autres.
Avez-vous vu, il est écrit “de soi et des autres”. Pour certaines personnes, il est plus difficile de respecter son propre consentement, alors que pour d’autre, c’est celui des autres qui semble moins important. Ici, le consentement et les limites de tout le monde sont importants! Dans un prochain article, je vous expliquerai comment on fait pour bien pratiquer le consentement. Mais, en gros, il s’agit de s’assurer que tout le monde, en tout temps, soit parfaitement à l’aise avec ce qui se passe. Et cela se fait, en bonne partie, en respectant les limites personnelles de soi et des autres.

Les limites personnelles

Les limites personnelles sont ces frontières invisibles au-delà desquelles on commence à se sentir mal-à-l’aise. Donc à partir du moment où on arrête d’être confortable, que notre corps commence à avoir mal ou que notre cerveau commence à s’inquiéter; ça veut dire qu’une limite a été dépassée.

Les limites fixes

Une limite fixe est une limite qui est relativement constante.

Par exemple, moi j’ai horreur qu’on me touche le visage. En fait, même moi, je n’aime pas toucher mon visage! J’ai toujours l’impression que mes mains (ou celles des autres) sont sales et qu’en touchant mon visage, ça va me faire faire des boutons! Mais en réalité, la raison pour laquelle j’aime pas qu’on touche mon visage n’a pas vraiment d’importance, et surtout n’est pas ouverte à la discussion ni au jugement! L’important c’est de comprendre que pour moi, il s’agit d’une limite fixe et donc qu’en toute circonstance, toucher mon visage est un NON, une limite à respecter.

Les limites variables

Une limite variable est une limite qui peut varier en fonction de différents facteurs comme le contexte, le comment, le partenaire, et surtout l’intention. Il appartient donc à la personne même de décider si et quand sa limite variable est effectivement une limite ou non.

Exemple du comment
Parfois j’aime me faire jouer dans les cheveux et parfois non. Cela dépend surtout de la façon dont on joue dans mes cheveux. Si on passe ses doigts dans mes cheveux de la racine vers la pointe de façon lente et variable, j’aime ça. Si on joue dans mes cheveux dans tous les sens, de façon rapide ou répétitive ou si on gratte le fond de ma tête, je n’aime pas ça. Ainsi, jouer dans mes cheveux est une limite variable dépendamment de la manière qu’on le fait.

Exemple de l’intention
Une main sur ma cuisse. Une main sur ma cuisse peut, selon l’intention, avoir différentes significations et donc être une limite ou non. Lorsque ma mère me met une main sur la cuisse, je sais que c’est seulement pour me réconforter (ou pour me faire comprendre que je bouge trop!) et alors le geste ne me dérange pas et ne me met pas mal-à-l’aise. Cependant, si un client, lors d’une séance, met sa main sur ma cuisse et qu’en même temps je sens sa respiration s’intensifier ou son bassin basculer vers l’avant… puisque l’intention derrière ce geste anodin semble plus sexuelle que platonique il me met facilement mal-à-l’aise. Ainsi, certains clients peuvent mettre leur main sur ma cuisse sans que cela ne me dérange (s’ils le font sans intention sexuelle), alors qu’avec d’autres (si je sens que ça les excite) ça me dérange et devient une limite à ne pas dépasser! Ainsi, poser sa main sur ma cuisse est une limite variable en fonction de l’intention derrière le geste.

Parfois, l’intention change. Donc si au début j’ai dit oui à ce qu’il mette sa main sur ma cuisse, mais qu’après un bout, son intention semble changer et devenir plus sensuelle, alors ma limite change et je dois lui demander de ne plus mettre sa main sur ma cuisse. Si le client ne comprend pas l’aspect changeant des limites variables, il risque de s’insulter: “Ben là, tantôt c’était correct que j’mette ma main sur ta cuisse, pis là c’est pu correct?!”. En effet! C’est la beauté de la subjectivité de ce type de limite, elle nous permet de changer d’avis! Et il est primordial de le respecter!!

Conclusion

Bref, ce qu’il faut retenir de tout ça:

“Oui mais, jusqu’où ça va, ces câlins-là?!” 

Ça va jusqu’aux limites! Tant que les limites de Calia et les limites personnelles de tout le monde sont respectées, et que tout le monde est consentent, vous êtes corrects!

Pis si on paye plus… on peut-tu avoir “plus” que des câlins?”

NON (au cas où c’était pas déjà assez clair!)

“On est-tu vraiment obligé de faire des câlins pendant une heure de temps?! Moi, j’pense pas que j’serais capable de faire des câlins de même avec un étranger!”

Vous faites seulement les câlins que vous avez le goût de faire! C’est la beauté du consentement! Si après l’introduction, vous n’êtes toujours pas à l’aise avec l’autre, vous pouvez tout simplement dire non. Vous n’avez aucune obligation; si vos limites ou votre consentement vous disent de ne pas faire de câlins, n’en faites pas! Peut-être préfèreriez-vous seulement discuter? Ou rester assis et vous tenir par la main? Tant que vous respectez vos limites et êtes à l’aise, vous faites de la câlinothérapie! 😉

À venir…

Bon, dans le prochain article, je vous expliquerai comment ça marche tout ça. Quels sont les services que Calia offre, comment on s’inscrit, où et comment ça se passe, etc.!

Entre-temps, pensez à vos propres limites personnelles, qu’elles soient fixes ou variables; qu’est-ce que vous n’aimez pas, qu’est-ce que vous aimez, comment vous l’aimez? Ou dîtes-moi comment vous vous sentez par rapport au fait qu’il y ait des limites lors des séances de câlinothérapie. Est-ce que ça vous fruste, ou est-ce que, au contraire, ça vous rassure?

Câlin aux consentants et chaleureux sourire aux autres! 😊
Alie Valérie