
(Histoire fictive composée uniquement de faits réels!)
Semaine difficile
Ces derniers temps j’ai eu beaucoup de stress dans ma vie, j’ai pas arrêter de courir et je suis épuisée! J’avais besoin d’une pause, d’un moment de détente et d’être serrée dans les bras de quelqu’un sans avoir à m’expliquer, gérer des émotions ou construire une relation complète; juste un bon gros simple câlin en cuillère!
Alors j’ai essayé quelque chose dont j’avais entendu parler, mais que j’avais jamais osé essayer… je suis allée sur le site de Calia câlinothérapie. Le fait de payer pour des câlins est un peu bizarre, mais en même temps, ça me fait moins sentir obligée de créer une relation, de rester en contact ou de gérer les tensions sexuelles comme si j’allais sur Tinder… Et puis, dans l’article “Qu’est-ce que la câlinothérapie?”, ça avait l’air franchement agréable.
Sur le site de Calia
Alors j’ai regardé les services qu’ils offraient: des séances individuelles à 80$/h ou des ateliers de groupe à 25$. Avec la séance individuelle, j’aurais probablement eu plus précisément ce que je voulais, je sais pas, mais mon budget ne me permettait pas une telle dépense, et puis, surement que dans un groupe, il y aurait au moins une personne qui voudrait se coucher en cuillère avec moi!
Alors j’ai regardé les disponibilités des ateliers; il y en avait en moyenne 1 par semaine, alors j’ai pris celui du jeudi soir. Ça commençait à 19h, alors je me suis dit que j’aurais le temps de passer chez moi prendre une douche avant l’évènement. Parce qu’ils disent qu’il faut être propre pour l’évènement. J’avoue que ça serait plutôt désagréable de faire des câlins avec quelqu’un qui pue….
Après avoir cliqué sur l’atelier auquel je voulais participer, j’ai dû lire toutes les règles du code de conduite: être en état de consentir, être transparent, être respectueux, être…, pareil comme dans l’article sur les limites “Jusqu’où ça va, ça?”, mais j’avoue que les règles faisaient quand même du sens, alors j’étais assez d’accord. Surtout celle qui disait AUCUNE SEXUALITÉ; celle-là, j’avoue, m’a rassurée! Mais celle qui parlait de consentement et de limite; j’avoue que j’étais pas trop sûre de bien saisir le concept…
J’ai quand même cliqué “Réserver”, et je suis arrivée sur la page pour payer. Bon, il a fallu que je rentre toutes mes informations, genre noms, adresse, téléphone, etc., clairement, ils prennent ça au sérieux! Pour payer, j’avais juste le choix entre PayPal et carte de crédit, mais j’imagine que si j’avais demandé j’aurais pu payer en argent?
En tout cas, une fois payer, ça disait que j’allais recevoir un email de confirmation. Bon, il était dans mes courriels indésirables, mais je l’avais quand même reçu! Dans le email, il y avait l’adresse de Calia et quelques rappels du genre: soyez propre, arrivez à l’heure, pas d’alcool, etc.
Jeudi soir
L’accueil
Il était 19h, j’étais devant la place, mais tout d’un coup, j’avais pu le goût d’y aller. J’avais couru toute la journée, j’étais fatiguée et l’idée de voir du monde me tapait déjà sur les nerfs… Mais je suis entrée quand même (j’avais déjà payé alors…)!
Je sonne et Valérie m’ouvre la porte avec un grand sourire. Elle a l’air contente de me voir! Elle m’indique où mettre mes souliers, mon manteau, mon sac et me fait visiter les lieux. Au fond du long couloir il y a une salle de bain, ben correct. Juste avant, il y a une pièce un peu vide mais avec une table pleine de bouffe. Heureusement, parce que j’avais pas eu le temps de manger beaucoup avant de partir! Et puis, en revenant vers la porte d’entrée, il y a la salle de câlins. La salle est juste remplie de divan, matelas, tapis, coussins, oreillers, couvertes, etc. Tout est aux couleurs de la compagnie: gris, mauve et vert. Ça parait quand même bien, mais surtout, ça a l’air confortable: le genre qui te donne le goût de te rouler dedans! Quoique moi j’avais plutôt le goût de me cacher dans un coin avec plein de couvertes et pas parler à personne… je me sentais encore un peu ‘down’.
Le cercle d’ouverture
À 19h15, comme promis, on commence. Elle nous invite à nous asseoir en cercle avec nos coussins et couvertes et elle s’assoit avec nous. On était une dizaine de personnes et il y avait de n’importe quoi! Désolée, mais sérieusement, il y avait des jeunes et des vieux, des hommes et des femmes, pleins d’origines différentes, de styles différents, mais tout le monde avait l’air assez calme et ouvert d’esprit, alors c’était quand même correct comme ambiance.
Première chose qu’elle dit, c’est de prendre 3 grandes respirations. Wow, on réalise pas à quel point ça peut faire du bien de juste respirer! Déjà une partie du stress de ma journée commençait à s’en aller. Ensuite il a fallu qu’on dise, chacun son tour, comment on se sentait, réellement. J’ai été honnête (c’est une des règles du code ‘anyway’) et j’ai dit que j’me sentais ‘down’, pis dans ma bulle, pis que j’avais pas vraiment le goût de toucher d’autres personnes, mais que j’étais quand même curieuse de rester. Et elle m’a dit en souriant: “C’est correct ça, merci d’être honnête! Ne t’inquiète pas, ce soir, tu n’as aucune obligation de toucher qui que ce soit, ok? Je comprends comment tu te sens, je me suis sentie pareil la première fois que j’ai participer à un évènement comme ça!” Ok, ça ça m’a surprise. N’est-elle pas supposée être genre super câlineuse? J’imagine que même des câlineur(se)s professionnel(le)s peuvent ne pas avoir le goût de faire des câlins… Mais quand même, j’ai aimé le fait que ma mauvaise humeur était acceptée. Tsé, quand les gens te font sentir mal d’être malheureuse, je trouve que ça devient encore plus déprimant!
Les explications
Ensuite elle a expliqué les règles du code de conduite, pas mal les mêmes que sur le site internet, mais c’est correct, mieux vaut être clair avec tout le monde. Puis elle a commencé à expliquer ce que sont le consentement et les limites et a dit qu’il y avait 5 règles à suivre pour pratiquer le consentement tout au long de l’atelier. Vu que je suis visuelle, j’ai aimé qu’il y ait un tableau sur le mur avec les règles écrites dessus!
Au fur et à mesure qu’elle expliquait les règles, elle nous faisait faire des exercices. Parfois il fallait juste se questionner intérieurement, parfois il fallait parler, parfois chacun son tour, parfois en équipe de deux. C’était bien, ça m’a tenu éveillée, pis comme on n’avait pas besoin de toucher personne, je pouvais rester dans ma bulle.
Ces règles… ouf! C’est quelque chose! Il y avait des choses qu’elle a dites qui m’ont fait chavirer par en dedans! Personnellement, c’était celle qui dit “J’ai le droit de changer d’idée”: tout d’un coup j’avais moins peur à l’idée d’accepter un câlin de quelqu’un d’autre, parce que je savais que même si 3 secondes après, si j’aimais pu ça, j’pourrais y demander d’arrêter. On a même fait un serment de ne pas se sentir mal ou insulté si quelqu’un nous disait non ou d’arrêter. Moi je suis correcte si quelqu’un me dit non, mais dire non à quelqu’un ou changer d’idée après 2 minutes, ça j’aurais eu de la misère à me le permettre si on n’avait pas tous fait ce serment-là! Déjà je me sentais un peu plus prête à peut-être essayer de faire des câlins…
Les câlins consentants
Une fois toutes les règles expliquées, elle nous a donné un dernier exercice à faire en équipe de 3 et nous a dit qu’après ça on était libre et qu’on n’avait qu’à suivre les règles du consentement. J’étais avec un monsieur et une madame et on devait chacun exprimer un genre de câlins qu’on voulait faire à trois et ensuite négocier jusqu’à ce qu’on trouve un câlin que les trois on aimerait. La madame voulait faire la cuillère à trois, mais moi j’ai dit que je voulais pas vraiment toucher personne, alors le monsieur a proposé les genoux: qu’on s’assoit chacun en indien, en cercle et que seuls nos genoux se touchent et qu’on prenne de grandes respirations ensemble. Ça avait l’air un peu bizarre, mais en même temps, c’était un bon compromis pour moi, alors j’ai dit “ok, essayons ça”. C’était spécial; en réalité j’avais pas trop l’impression d’être envahie et c’était étrangement relaxant de pouvoir juste rester là à respirer profondément avec eux. Même qu’à un certain moment, j’ai eu le goût d’un peu de chaleur. Alors j’ai demandé, tout simplement, s’ils voudraient mettre chacun une main sur mes genoux (c’est pas le genre de chose que j’oserais demander à n’importe qui d’habitude, mais l’ambiance faisait que c’était pas mal plus facile). Finalement ils ont dit oui, ont mis leur main sur mes genoux et les premières secondes, j’ai hésité, mais bien vite, mon corps m’a dit que ça faisait du bien. Après ça, ça n’a pas pris trop de temps avant j’aille eu le goût de plus de contact. Alors on a changé de position et on s’est collé un peu plus. C’était spécial! Ça m’a pris un peu de temps avant d’être vraiment confortable et de me laisser me détendre complètement, mais plus ça allait, plus c’était facile. Tout le monde était si respectueux et pro-consentement! J’ai même réussi à dire non merci à une demande que quelqu’un m’a faite et à changer d’idée pendant un câlin avec un autre (son frottage de dos commençait à devenir désagréable) et les deux ont tout simplement dit “ok, cool, merci de prendre soin de toi!” Wow!
Le cercle de fermeture
15 minutes avant la fin, elle nous a dit qu’il restait 5 minutes de câlins et qu’il fallait tranquillement se préparer à revenir dans le monde réel. J’avoue que rendu là j’avais pu vraiment le goût de sortir de notre tas de câlins (on était rendu 5 tous collés les uns aux autres, on était bien et au chaud!). 10 minutes avant la fin, elle nous a fait nous rasseoir en cercle et prendre quelques grandes respirations. Puis chacun notre tour, on a dit comment on se sentait et ce qu’on retenait de l’atelier. Elle a dit: “Si vous aviez à décrire votre expérience de ce soir en un mot, qu’est-ce que ce serait?”
J’ai dit: “Réconfortant”.